En cette période électorale, le dégagisme est-il un vieux démon issu de quelques frustrations mal assumées ? Notre pays a-t-il si mal résisté à la pandémie ? Beaucoup d’entreprises ne seraient plus existantes sans un soutien massif et extrêmement réactif de l’État. Ce sont des emplois sauvés, des familles sauvées, de la pauvreté en moins et du pouvoir d’achat préservé.

À circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles. Cependant, pour pouvoir assumer ce rôle protecteur et l’ouverture des vannes d’argent frais que cela a nécessité, il faut un réservoir bien rempli et/ou une source afin de remplir très vite les réserves (désendetter le pays et lui redonner des capacités d’actions).
Or, durant la période comprise entre la crise financière de 2007 et la pandémie de 2020, nous n’avons pas eu le courage de prendre les mesures indispensables de frugalité, de simplification, de réorganisation de nos services publiques (fonctions centrales mutualisées au profit, normalement, des citoyens et entreprises). Tout programme qui ferait croire que l’on peut continuer à dépenser ainsi serait coupable d’appauvrissement programmé de la Nation.
Oui, notre pays a des sujets à régler avec courage. Mais est-ce une de nos qualités ?
Lors du MIPIM qui s’est déroulé à Cannes en ce mois de mars 2022, nous fûmes choqués de voir le stand ukrainien vide avec de superbes posters affichés au mur. Villes et quartiers très attractifs, aux standards européens, devenus depuis villes martyres. L’immobilier ne pèse pas lourd face aux bombes. Les semaines suivantes, l’armée de M. Poutine commençait en effet les massacres dont il a le secret et que certains s’acharnent à tenter de justifier. Comme le disait Jean-Paul II, il ne sort jamais rien de bon de la guerre sauf du malheur et de la souffrance.

Heureusement, nous vivons en France. Nous nous déplaçons au gré de nos envies, nous mangeons quasiment tous à notre faim, nous avons la possibilité d’accéder à toutes sortes d’études ou domaines culturels, nous pouvons nous exprimer librement sans crainte de censure. Certes, le quinquennat rend toute direction du pays compliquée mais n’est-ce pas plus heureux qu’une autocratie de plusieurs décennies dont les fruits du pays ne profitent réellement qu’à quelques oligarques ? La France est l’un des pays les plus redistributifs du monde. Ne l’oublions pas et ne croyons pas, sans étudier les chiffres, celles et ceux qui prétendent le contraire.
La France doit rester une et solidaire. Face au courage réel des Ukrainiens, nous devons encourager nos dirigeants à accepter des efforts de notre part en veillant à ce que ceux-ci soient les plus équitables et solidaires et non supportés par les plus faibles.
Oui, j’accepte de ne pas partir en vacances en avion.
Oui, je veux bien prendre des douches plus courtes.
Oui, je veux bien rouler à vélo puisque je le peux.
Oui, je veux bien baisser les températures de chauffage ou remonter celles des clim d’un ou deux degré.
Oui, je veux être un homme debout, fier de mon pays dont la première préoccupation doit être sa place et sa dignité dans le monde pour défendre ce modèle que nous aimons tant fait de liberté d’entreprendre de penser de critiquer et de douter.
Enfin, cette opportunité de créer une fraternité éternelle à l’échelle européenne est une excellente raison de commencer à nous préparer à apprendre à vivre en décarbonant notre mode de vie, ce qui ne supporte plus de tergiversations.